Embarquez pour le très beau Proxima d'Alice Winocour !
Nous avons eu la chance de participer à l’avant-première du film Proxima d'Alice Winocour au Pathé Wepler, en présence de la réalisatrice. Un film particulièrement touchant qui raconte la relation fusionnelle entre Sarah (Eva Green), astronaute, femme ionnée et courageuse, et sa fille Stella (Zélie Boulant-Lemesle), mise à l'épreuve par le départ imminent de Sarah dans l'espace.
Tout au long du film, nous suivons Sarah pendant sa préparation pour la mission Proxima (nom de celle réalisée par Thomas Pesquet en 2016 et 2017), aussi bien physique que mentale, depuis le Centre Européen des Astronautes de Cologne à Star City, la Cité des Étoiles située au nord-est de Moscou, jusqu'au Kazakhstan où elle effectuera une quarantaine avant de partir. En même temps qu'elle s'apprête à réaliser son rêve, elle prend conscience de ce manque qui grandit en elle, celui de ne pas pouvoir er de temps avec sa fille, de ne pas être à ses côtés pendant les moments importants de sa vie. Ne pas la voir pendant un an lui semble presque aussi insurmontable que le voyage lui-même...
Pour Stella, la préparation au départ de sa mère est une véritable souf qui va se manifester de différentes manières, de la colère à la tristesse en ant par l'indifférence. Cette séparation va pourtant être bénéfique pour Stella qui, éloignée malgré elle de sa mère, va pouvoir se construire en tant qu’être à part entière, montrer qu'elle est différente de sa mère - elle montre par exemple les posters de chevaux, êtres terrestres et non célestes, qui ornent sa chambre - et va pouvoir se rapprocher de son père Thoma (Lars Eidinger). Une de mes scènes préférées a été quand Stella regarde sa maman la fusée dans laquelle se trouve sa mère, le sourire aux lèvres. Avec ce sourire, elle montre qu'elle a fini par accepter ce départ, cette rupture du cordon ombilical (une expression également employée dans le vocabulaire du décollage, ce qui n'est pas anodin).
Le film gravite également autour de ses relations avec Anton Ochievski (Alexei Fateev) et Mike Shanon (Matt Dillon), les deux astronautes avec qui elle s'apprête à partager la mission. Ce n'est pas toujours évident pour elle de se faire accepter dans ce monde d’hommes qui sous-estiment ses capacités, de se faire respecter en tant que femme. Le courage dont elle fera preuve lors de ses entraînements à Star City auront raison de leurs préjugés. Entre les moments où sa fille lui manque, ceux où elle ne se sentira pas au niveau physiquement et ceux où elle se sentira humiliée par la conduite de ses congénères masculins, ils seront nombreux, les moments où elle se sentira découragée...
Proxima est un très beau film, plein d'émotions et de tendresse, porté par un duo d'actrices exceptionnel : Eva Green, dont le talent n'est plus à démontrer, offre à son personnage une grande force, tandis que Zélie Boulant-Lemesle nous fait fondre à chacune de ses répliques et de ses mimiques - une actrice est née ! On se plaît à détecter la dimension symbolique de chaque scène - comme celle du décollage de la fusée, métaphore de l'arrachement brutal mais salutaire de la mère à sa fille -, leur beauté - mention spéciale pour la scène finale avec la course de chevaux sauvages -, et leur grande crédibilité. La réalisatrice s'est en effet énormément documenté pour ce film.
Nous avons pu échanger avec Alice Winocour suite à la projection, nous avons notamment appris qu'elle avait toujours été ionnée par le monde spatial, qu'elle avait regardé de nombreux films sur le sujet, récolté des témoignages d'astronautes et notamment de Thomas Pesquet - que l'on voit apparaître dans le film - avant son départ, que les astronautes parlent un nombre incalculable de langues et que seulement 10% des astronautes sont des femmes.
Si vous voulez voir un joli film, puissant et dépaysant, je vous conseille chaudement de décoller de votre canapé pour embarquer à bord de Proxima !
En salles depuis le mercredi 28 novembre !