Après avoir réalisé il y a quelques années l’épatant  docu-menteur Le Challat de Tunis, la cinéaste tunisienne   Kaouther Ben Hania  continue sur sa lancée et va même plus loin avec son nouveau film  La belle et la meute, une oeuvre coup de poing particulièrement salutaire surtout dans le contexte actuel.

En effet,  après un age cannois  remarqué  dans la sélection Un Certain Regard , "La belle et la meute"  embrasse les écrans depuis une semaine, et tombe  un peu  malgré lui  sous les feux d’une actualité qui met enfin -et heureusement- la question du harcèlement sexuel contre les femmes sur le tapis depuis une dizaine de jours.

Inspirée d’une histoire vraie La belle et la meute se  déroule  en Tunisie,  bien après un printemps arabe dont l’espoir et de liberté qu’il semblait insuffler semble bien loin.

On suit, en neuf plans séquences d’une grande force et d’une tension constante, la nuit effroyable que va vivre  Mariam, jeune Tunisienne qui  juste après avoir fait la connaissance d’un jeune homme Youssef, va se faire violer par des policiers.

Une œuvre forte et puissante sur  le fond, avec ce réquisitoire implacable contre le machisme primaire dans une société ou les questions du sexe sont tabous (le film colle bien aussi avec la sortie du récent essai de Leila Slimani sur la sexualité dans un autre pays du Maghreb, Le Maroc) et où les violences sexuelles se doit d'être ées sous silence sous peine de récolter plus de dommages que de bénéfices.

 

Mais le film est également très brillant dans la forme, car parvient largement à  éviter le coté démonstratif et dossier de l’écran qu’on aurait pu craindre de par le sujet, et qui du coup transcende le matériau de départ avec ce livre de témoignage paru chez Michel lafon plus nécessaire par son contenu que par son style .

Ici Kaouther Ben Hania  se préoccupe aussi beaucoup de la forme, notamment  grâce à cette géniale idée de couper son film en  9 plans séquences qui donnent un coté totalement imprévisible,  oppressant et cauchemardesque à cette nuit de toutes les horreurs et cette si grande difficulté à défendre ses droits les plus rudimentaires  ..

On n’oubliera pas de sitôt le calvaire et le regard apeuré de Mariam, cette  jeune héroïne  poignante  d’inquiétude  et de douleur. 

 

Une œuvre  bouleversante certes,   sombre et assez décourageante, même si au bout de cette tragédie, une lueur d’espoir subsistera. En effet,  ce combat a priori inégal d’une jeune fille seule ou presque contre une meute d’hommes  abject pourrait bien, sans trop spoiler le dénouement pour ceux qui n'ont pas lu le livre,   n’être finalement pas aussi déséquilibré que prévu tant l’obstination de Mania  est grande et louable.

Un très grand film de cinéma  qui  remue totalement, et    à ne pas rater tant qu’il e encore dans les salles, ne serait-ce que pour sa correspondance parfaite avec les affaires Weinstein et balance ton porc dont on parle tant actuellement.