Viva el Maestro Mouss Zouheyri !
En ce moment au Théâtre de la Reine Blanche, vous pouvez assister à un bien curieux spectacle dans le spectacle, orchestré par Jacques Séchaud, avec Mouss Zouheyri en maestro de cérémonie.
En ce moment, Mouss Zouheyri mène à la baguette un orchestre imaginaire, qu'il réprimande gentiment ou engueule carrément à la moindre fausse note ou au plus léger manque d'attention. Tantôt excité, tantôt découragé, souvent exaspéré, il semble attendre le Grand Soir avec une joyeuse appréhension.
Une heure durant, nous assistons à la répétition de ce concert qui promet d'être grandiose, dans un endroit que nous ne saurions citer exactement. Une salle isolée, une chambre d'hôpital - ou tout simplement, dans une tête ? Un endroit en tout cas à mille lieues de celui dont rêve notre Maestro, Alger, qu'il évoque à grands renforts de souvenirs, de richesses sensorielles et avec une émotion non feinte.
Sur scène, une énorme valise de cuir abîmée, laissant suggérer qu'il est une sorte de rescapé, de naufragé. De cette dernière, il sort, au fil de ses incessants aléas sur le plateau, un bric-à-brac impressionnant, une batterie d'objets/instruments, qui viennent ajouter à la cacophonie.
On ne perd pas un instant de ce spectacle, accrochés que nous sommes aux lèvres de l'excellentissime Mouss Zouheyri qui sert impeccablement la langue précise et vivante de Aziz Chouaki. Il a beau être seul, il fait apparaître ces personnes à qui il s'adresse, rien qu'en les évoquant, en s'adressant à elles, de part et d'autre de la scène, ou face à lui, le regard vissé à un membre du public.
Mouss Zouheyri ne perd jamais l'énergie propre à un chef d'orchestre qui veut à tout prix motiver ses musiciens - aussi invisibles soient-ils.
Ne manquez pas votre chance d'aller applaudir le Maestro !
El Maestro, jusqu'au 18 décembre au Théâtre de la Reine Blanche, 2, age Ruelle, jeudi et vendredi à 21h, dimanche à 18h