Revue DVD janvier 2018 : Good time, les grands esprits , Golem le tueur de Londres
Revue de DVD de films qui vont sortir dans les jours qui viennent ou qui viennent tout juste de sortir, c'est parti :
1. Good time - Josh & Benny Safdie ;23 janvier 2018 ( Ad Vitam)
Avec "Lenny & the Kids" les frères Josh et Benny Safdie avaient réussi à imposer un style à la fois proche du cinéma indépendant américain dont ils sont issus, et tout autant singulier sur le New York des marginaux et des laissés pour compte.
Ce cinéma là, assez proche de cette mouvance « mumblecore » dont on parle de plus en plus chez les cinéphiles ( ces films très fauchés financièrement qui surge pas mal sur l’improvisations d’acteurs souvent amateurs, et qui a également Alex Ross Perry comme cinéaste phare) s'est confirme avec le précédent film des frangins Safdie, « Mad love in New York »,axant son intrigue- forcément ténue, c'est malheureusement leur talons d'achille mais c'est en cohérence avec leurs projets artistiques - dans les rues de New York où trainent quelques marginaux occupés à survivre et à assouvir leurs besoins en drogue.
Si "Good time, leur dernier film en date, a fait bien plus parler de lui que leurs précédents longs métrages, c'est qu'il dut auréolé d’une sélection officielle en compétition à Cannes en mai dernier et qu'il fut précédé par une flatteuse réputation, du notamment à la prestation absolument hallucinée d'un Robert Pattison qui a définitivement fait oublier les vampires qui l'ont vu naitre sur grand écran.
Il faut dire qu'en comparaison de leurs films précédents, les frères Safdie, tout en ne reniant pas du tout leur cinéma qui les a vu naitre- notamment leur amour pour les laissés pour compte et leur immersion dans un New York peu prisé par les grands canaux d'information- vise plusieurs crans au dessus dans leur cinéma, notamment en y intégrant pour la première fois une vraie star, et en étant plus ambitieux en terme de scénario et surtout en terme de réalisation.
En suivant un mouvement tendu et mû par un élan de survie instinctif et puissant, Good time donne l'impression au spectateur d'être constamment en apnée, à la recherche de son soufle, et cette mise en scène est une expérience cinématographique d'une ambition et d'une maitrise assez ébouriffante, .portée par la cinégénie nocturne d'une cité en pleine ébullution ( avec notamment une scène étonnante dans un parc d'attraction en pleine nuit) et un jeu de montagnes russes émotionnelles.
Good time donne l'impression de nous tendre un fil constant qui menace à tout moment de rompre mais parvient généralement à avancer bon gré mal gré au vent des mésaventures que traverse Connie, le frère protecteur et voyou de bas étage plongé dans une nuit de bad trip. On pense forcément à "Un après midi de chien" ou "After hours" pour le coté nuit de galère et accumulation de malheurs qui tombent sur la gueule du (anti) héros mais par rapport au film de Lumet ou à celui de Scorses le coup d'essai des frères Safdie ne convainc qu'à moitié; la faute à un manque de rigueur dans l'écriture et à scénario qui s'essouffle assez rapidement .
On aimerait en effet que les personnages évoluent plus au court du récit, notamment celui de Nick, le frère handicapé un peu laissé de côté à mi parcours et on regrette que le dénouement, un peu trop plat, ne nous amène pas le crescendo émotionnel et poignant que le film aurait pu recéler en lui ..
A noter que dans les bonus on retiendra un long entretien avec les frères Safdie de 37 minutes, comprenant tout sur le film de sa genèse, son univers, en ant par des confidences des deux frangins, leur vision sur Hollywood, l’expérience avec les acteurs ...
2. GOLEM, le tueur de Londres de Juan-Carlos Medina - le 23 janvier ( Version originale/ Condor)
Ce film sort directement en DVD après des ages remarqués dans différents festivals de cinéma, que ce soit à Beaune en sélection officielle du festival du film policier ou chez nous à Lyon, en compétition aussi lors du Festival Hallucinations collectives ou j'avais pu le voir en avril dernier.
Publié en 1994, le roman Le Golem de Londres » ,thriller victorien qui emprunte à l'épouvante.a connu un beau succès en librairies à travers le monde . Fondé sur de vrais crimes qui se sont déroulées à Londres en 1880, cette série de meurtre dans le quartier de Limehouse affole la population, d'autant plus qu'on les attribue à une créature diabolique, le Golem.
Le terme golem, un mot hébraïque, désignait une créature artificielle créée par un magicien ou un rabbin ; il signifie littéralement «chose sans forme».écrit.Dans The Limehouse Golem, le comédien anglais Bill Nighy, loin des rôles comiques qui l'ont fait cnnaitre enquête dans un but précis : prouver l’innocence d’Elizabeth Cree, une jeune femme et artiste de music-hall accusée du meurtre de son mari.
Le dernier film du réalisateur espagnol ( qui parle très bien français lorsqu'on l'a vu quand il a présenté son film en festival) JUAN CARLOS MEDINA ( remarqué par le thriller d'épouvante Insensibles) est une belle réussite avant tout formel.
L’ambiance gothique du film du Londres poisseux des rues mal famées de la fin du 19ème siècle est particulièrement bien rendue et ajoute pour beaucoup au climat immersif et de tension que l'on ressent tout du long d'un film qui sait ménager ses effets, et notamment un twist final particulièrement inattendu et plutôt bien foutu.
Bien campés par des acteurs particulièrement impliqués, les personnages ont une certaine épaisseur, notamment ceux gravitant autour du héros ( des acteurs de cabaret) rajoutent à ce climat singulier d'un film un peu lent à démarrer, mais au final, particulièrement haletant et qui aurait largement mérité une sortie en salles , eu égard à la production classique des films d'horreurs qui sortent régulièrement au cinéma.
3. Les grands esprits ; Olivier Ayache-Vidal ( Télévisions Distribution, sortie le 17/01)
Premier long métrage du documentariste Olivier Ayache-VidalGrand ,reporter photographe qui a déjà réalisé plusieurs films documentaires pour GAMMA, Les Grands Esprits a été bien accueilli lors de sa sortie en salles à la rentrée dernière.
Il faut dire qu'il est d'une excellente qualité et dée la plupart des fictions sur l'enseignement qu'on a pu voir fleurir ces dernières années.
Grâce à une écriture subtile et des personnages bien campés, le film offre une photographie documentée de l’éducation publique et ouvrir face à des élèves difficiles à à un modèle pédagogique différent de celui que l'on voit habituellement.
Etat des lieux assez réaliste d'un college de banilue qui ne vise jamais le naturalisme documentaire, on a bien à affaire une fiction mais comportant suffisamment de détails réalistes évitant les raccourcis et la caricature, pour permettre de mieux renforcer la dite fiction.
Seuls les principaux acteurs de ce scénario seront incarnés par des comédiens dont le très chevronné et excellent Denis Podalydès, en professeur d'Henri IV parachuté dans un collège en zone d’éducation prioritaire.
Fort de son expérience et pleins d’idées préconçues, notre professeur sera convaincu qu’il parviendra rapidement à canaliser ces jeunes de banlieue dont, pour l’essentiel, le problème consiste à enseigner une rigueur délaissée au profit d’une trop grande liberté. Rapidement confronté à une situation qui le dée, il va alors réaliser qu’une même méthode ne produit pas les mêmes effets partout et que malheureusement les théories qui ont forgé ces principes éducatifs jusqu’alors trouvent leurs limites face à des situations difficiles.
On aime l'idée que ce professeur, d'abord égoïste et prétentieux, va peu à peu évoluer et faire évoluer ses méthodes, selon un cheminement prévisible mais assez jubilatoire.
Loin des idées reçues sur l'école et la banlieue, les grands esprits, souvent ionnants et très drôle est en version plus modeste, finalement plus savoureux qu'un entre les murs un peu trop poseur et sur de son effet ...
A rattraper en DVD pour tous ceux qui ne l'auraient pas vu en salles..
Bonus : Scènes coupées (5 mn 28) - Making of (13 mn 26)