Paris la blanche : un joli " petit" film sur le déracinement des Chibanis
Après Les Nouveaux Parisiens sorti le mois dernier, le quartier de Pigalle, est encore le décor principal (mais pas exclusif comme dans le film des deux comparses de la Rumeur) d'un autre premier long-métrage celui de Lidia Leber Terki "Paris la Blanche" vu en compétition lors du dernier Festival d'Annonay et qui sort en salles ce mercredi, le 29 mars.
Le film traite de la question des « Chibanis » (cheveux blancs en arabe dialectal, ces immigrés de la première génération venus après-guerre du Maghreb, qu’on nomme aussi les « Invisibles » : des vieux travailleurs à la retraite qui ne peuvent plus retourner chez eux, qui ne sont plus ni d’ici, ni de là-bas, mais entre les deux, et qui sont souvent très silencieux, gardant pour eux leurs doutes et leurs amertumes que l'on devine ici et là.
Paris la Blanche est un film qui ne traite pas frontalement de l'immigration mais plus du déracinement et la perte d'identité avec tendresse et délicatesse.
Ce sentiment de n’être plus ni d’ici ni d’ailleurs que ressentent ces vieux travailleurs, on le devine à travers la déambulation de Rikia, femme d'un de ces chibanis qui vient d'Algérie sur les traces de son mari qui a quitté l'Algérie pour la il y a 45 ans pour travailler et qui n'a plus donné signe de vie depuis de nombreuses années.
On suit la traversée de Rikia de Méditerranée et le voyage vers Paris, puis la quete obstinée de cette femme dans ce quartier de Pigalle de Rikia qui va se faire aider par quelques bons samaritains ( dont la trop rare et toujours intense Karole Rocher) pour retrouver son mari et enfin les retrouvailles tant attendues d'avec son mari.
L’amour est assez rare dans les films qui traitent de l’immigration algérienne en , et l'histoire de ce vieux couple qui a si peu vécu ensemble et ces retrouvailles toutes en retenue, d’une justesse qui fait mouche, est sans doute la partie la plus réussie et la plus émouvante d'un film qui se traine un peu parfois.
On aime la façon dont la caméra de Lidia Leber Terki s’attache aux visages, de ces « invisibles » à qui Lidia Terki donne, une belle visibilité. avec ce film qui mine de rien surfe sur l'actualité, le récit englobant finalement toutes les immigrations, même les plus actuelles .
En conclusion : Modeste dans son fond et sa forme, Paris la Blanche est un vrai joli film- qui n'évite pas toujours le déjà vu et quelques maladresses- qui aborde les thèmes du déracinement de la perte d'identité et de la question des Chibanis qui sont restés 45 ans en et qui ont du mal à revenir à leur vie d'origine avec retenue, sensbilité et délicatesse.
PARIS LA BLANCHE Bande Annonce (Film Français... par trailer-teaser