Baz'art  : Des films, des livres...
15 septembre 2016

Oh les Divines héroïnes que voilà...

 

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Contrairement à "Party Girl", la précédente Caméra d'Or française  décernée il y a tout juste deux ans, et qui m'avait vraiment laissé sur le carreau,  ou bien encore, sur un thème très proche, le "Bande de filles" de Céline Sciamma, toujours en 2014, que j'avais trouvé beau mais peu ionnant, Divines, lauréat de cette même Caméra d’or du dernier Festival de Cannes, premier film d'Houda Benyama, m'a tellement enthousiasmé que j'ai envie de le défendre becs et ongles, face à la vague d'haineux comme les Cahiers du Cinéma ( avec qui je suis de moins en moins d'accord sur le fond des critiques) qui ont lynché le film à sa sortie du film le 31 août 2016, pour des raisons qui avaient me semble-t-il plus de lien avec la personnalité de la cinéaste que du film lui même.

 Il faut dire que, lorsqu'elle est venue chercher sa Caméra d'or bien méritée à Cannes, Houda Benyamina avait enflammé le Palais du  Festival avec un discours particulièrement vif, dont la subtilité n'était certes pas la qualité première mais qui avait eu au moins le mérite de réveiller une audience qui donne toujours l'impression de finir sa nuit.

Et le discours et la personnalité de la cinéaste semblent en fait être totalement à l'image de son premier long-métrage Divines qui certes, on le reconnait, ne se distingue certes pas par son sens de la retenue et ne fait pas forcément dans la sobriété, mais en même temps à l'heure où le cinéma minimaliste et à base de longs plans fixes et de scénarios consensuels brille de mille feux, toutes ces caractérsitiques font pas mal de bien et surtout contribuent à faire de ces Divines une vraie pépite qui met le spectateur un peu dans le même état qu'à la sortie de la Haine il ya déjà plus de 20 ans...

divines

 Répliques qui fusent, energie en bloc, amitié à la vie à la mort, ce  Divines est  incontestablement une œuvre pleine de courage et d'audace ainsi qu'un portrait saisissant d'une jeunesse de banlieue révoltée, prête à tout pour réussir, y compris dans l'illégalité.

On aime la façon dont les dialogues claquent, particulièrement justes et percutants ( « Il t'a regardé comme un Big Mac en plein ramadan », ou encore le fameux- depuis le discours cannois de la cinéaste « T’as du clitoris toi! »)  et il faut dire qu'ils sont mis dans la bouge d'un trio de comédiennes-  Oulaya Amamra, Deborah Lukumuena et Jisca Kalvanda, aux naturels  vraiment impressionnants.

 Oulaya Amamra , qui joue Dounia, crève  particulièrement l'écran  et offre une palette de jeu assez incroyable, à la fois vulnérable et forte quasiment dans une meème scène, difficile littérallement de la quitter des yeux dès qu'elle apparait à l'écran, elle est définitivement de la race des grandes et le futur devrait normalement le confirmer.

C'est vrai, elle est d'abord agacante, cette Dounia dont le seul projet de vie semble être de faire de la «  money money, money » comme elle le clame effrontément à sa professeur de BEF complètement déée, mais petit à petit, on sent ses doutes  ses contradictions, et ses failles, et contrairement aux héroïnes de Bandes de filles, avec qui la comparaison est inévitable, on s'attache terriblement à elle et à sa copine Maimouna  grâce à un scénario brillant qui mélangea habilement plusieurs genres , de la chronique sociale au polar en ant par la comédie, avec saupourdré par dessus, une dose de film de danse et de comédie romantique.

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On aime la mise en scène flamboyante d'Houda Benyama, qui réussit à voguer entre un réalisme social pas très loin du cinéma de Kechiche avec un côté lyrique, et très romanesque qui culmine notamment lors de scènes de danses qui pourraient tourner au ridicule et qui sont en fait totalement gracieuses et sensuelles- on appréciera à sa juste mesure la prestation du danseur de hip hop Kevin Mischel, l'interprète de Djigui, le seul personnage masculin digne de ce nom dans le film-.

Alors, certes, comme on le voit souvent dans le cinéma français depuis la Haine et la vague de films sur le sujet qui ont suivi,  on pourra déplorer que dans Divine aussi, la  banlieue n'échappe pas à ce carcan d'un monde clos  sans échappatoire ou seul la délinquance et  les trafics illégaux peuvent permettre ( temporairement? )  à de s'en sortir, mais cette double histoire d'amour et d'amitié  transcende largement  les clichés et  stéréotypes  grâce à une réalisation d'une vitalité folle qui parvient à atteindre de façon maligne et assez inattendue de frapper le spectateur au plexus.

Grâce à un traitement  frontal et féministe - pas très loin du superbe Mustang de  Deniz Gamze Ergüven, qui avait aussi bouleversé Cannes mais en 2015, Divines explore joliment la question de la place de la jeune fille d'aujourd'hui dans une époque trouble où l’équilibre entre tradition et modernité est difficile à trouver au sein des relations familiales, amicales et sociétales...

Scellé par un dénouement tragique aussi fort que La Haine de Kassovitz, Divines est résolument une oeuvre à couper le souffle qui fait du bien au cinéma français de 2016.

DIVINES (2016) Bande Annonce VF - HD

Commentaires
A
J'avais adoré "Party girl".<br /> <br /> Divines est dans ma to do, reste à trouver un moment !
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L
J'ai très envie de voir ce film !
Répondre
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