Baz'art  : Des films, des livres...
10 juillet 2014

Map to the stars : les sidérants freaks holywoodiens de David Cronenberg

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Comme je l'avais écrit dans un billet publié au tout début de mon blog, dans lequel je prenais un certain plaisir à bousculer des statues du commandeur du 7ème art, David  Cronenberg, qui a toujours été encensé par la critique et pas mal de gens de ma génération dès qu'il sort un film, fait partie de ces cinéastes avec lesquels j'avais du mal à entrer dans l'univers. 

alors même qu'il possède un nombre impressionnants de fans, spectacteurs ou journalistes, j'ai toujours trouvé ses oeuvres également surestimées, et surtout froides et désincarnées. Crash, malgré le coté hot des scènes de sexe m'avait en effet laisse de marbre, et son History of violence, déclamé ici et là comme un vrai chef d'oeuvre, m'a semblé être une petite série B sans envergure comme on en voit souvent, avec un scénario assez plat et prévisible. Quant au dernier film que j'ai vu de lui, "A Dangerous Method" qui nous emmenait sur les rives de la psychanalyse freudienne m'avait pour ma part emmené surtout sur les rives du sommeil.

Du coup, je suis allé voir ce Map To The Stars sans trop d'illusions, malgré les critiques excellentes des festivaliers (le film était présenté en compétition officielle à Cannes), je m'étais dit que c'étaient les mêmes adorateurs, et du coup, cela avait peu de crédit pour moi.

Le film était vendu comme une pochade contre Hollywood, j'avais peur que le film soit une farce contre Holywood, une comédie un peu too much et pas crédible avec des personnes vraiment  trop outrés juste pour faire rire, mais finalement le film n'est pas vraiment cela, beaucoup plus sombre, et beaucoup plus "cronenbergien", sauf que là , allez savoir pourquoi, j'ai marché à 100%..

Après une petite vingtaine de minutes difficile à comprendre vu la multitude de personnages différents, petit à petit, le puzzle se met en place et, à partir de là, on est totalement accroché, et ce jusqu'à la fin.

La vision dantesque et démoniaque du monde hollywoodien vu par la caméra de Cronenberg va effectivement très loin (tous les personnages, psy, agents de stars, comédiens affirmés ou aspirants sont tous atteints de folies et de mégalomanie plus ou moins importants) mais jamais, le cinéaste canadien ne verse pour autant, comme on aurait pu le craindre, dans la caricature et l'attaque gratuite, car tous les personnages sont finalement plus subtils et moins prévisibles que l'image qu'ils donnent à proprement parler.

Ce qui est beau dans ce film, c'est que les monstres que décrit Cronenberg peuvent également avoir d'autres visages, ceux d'anges et de spectres qui viennent demander des comptes aux vivants, car pour Cronenberg, les vraies étoiles ne sont pas les stars, mais les fantômes d'enfants ou de jeunes comètes de LA, tous morts,  et ce mélange de fantastique et de réalisme est assez bluffant et vraiment épatant.

L'exemple le plus frappant de l'humanité que met Cronenberg dans son histoire et ses personnages s'incarne certainement dans celui la jeune Agatha, aux brulures physiques  et ldont es névroses pourraient effrayer,  mais qui ,contrairement à ce qu'on pourra ne vient pas pour se venger, mais pour essayer de comprendre, et peut-être tenter de se réconcilier avec ce Hollywood qui broie les rêves.

Et même la petite star pour ado, si tête à claque au départ, s'avère assez touchante finalement dans son mal être de star malgré lui ...

Le film comporte quelques scènes vraiment magnifiques, notamment avec celles qui comportent fil rouge "Liberté", le fameux poème d'Eluard sert de Mantra et qui permet de rentrer de la beauté et de la poésie dans ce monde proprement monstrueux  et parfois un peu étouffant décrit par David Cronenberg.

Quant au casting, assez prodigieux, s'y détache évidemment Julianne Moore qui montre une auto dérision et un sens du jeu qui à mon sens mérite totalement son prix à Cannes- surtout par rapport à certains prix d'interprétations à Cannes plus contestables les autres années., mais tous les autres comédiens, même Robert Pattison,sont vraiment excellents..

Bref, ce map to the stars, sorti il y a maintenant plusieurs mois constitue sans aucun doute un des grands films de cette année ciné 2014 qui m'a démontré (mieux vaux tard que jamais) que Cronenberg n'a finalement pas usurpé son excellente réputation auprès des cinéphiles de tous bords..

Bande-annonce : Maps to the stars, de David Cronenberg


Commentaires
R
Bonjour, bon billet en effet pour ce film que j'ai pas mal aimé. C'est vrai que son univers est assez spécial et si on est courageux il faudrait revoir 2 fois de suite certains de ces films ! Je me suis aperçue qu'après avoir vu Cosmopolis j'ai lu des critiques dans les magazines et que je n'avais absolument rien compris au film (faut dire que je m'étais endormi un moment), il y a prendre et à laisser dans son cinéma par exemple j'ai aimé history of violence. Bonne continuation.
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T
Je connais mal Cronenberg (je connais concrètement ses films depuis eXistenZ, même si j'ai vu avant celui-là les deux excellents La mouche et Dead Zone) mais je n'aime pas trop son cinéma depuis ces dernières années. Mais même si sa critique d'Hollywood n'est pas très subtile (en même temps, le cinéma de Cronenberg est excessif), je trouve que ça fonctionne totalement grâce à un scénario solide, une mise en scène efficace et des personnages vraiment barges et monstrueux.
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G
C'est rigolo, pareil pour moi, j'aime d'habitude beaucoup ce que fait Cronenberg, mais là, bizarrement, ça m'a laissé plutôt dans l'indifférence...
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N
Belle chronique Filou et je suis d'accord avec toi sur certaines fulgurances du film, en revanche, en fan de l'oeuvre de Cronenberg depuis un moment (euphémisme, mis à part Spider que j'ai revendu car je le trouve très mauvais j'ai quasiment toute son oeuvre en vhs et dvd :D ), je serais un peu plus mitigé que toi... Ma chro' ici : http://dvdtator.canalblog.com/archives/2014/06/15/30075310.html <br /> <br /> <br /> <br /> D'ailleurs en cronenbergien, "end of violence" c'est de Wim Wenders, le film de Cronenberg c'est "A history of violence". ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Puis-je espérer d'autres chroniques du Filou sur Cronenberg un de ces jours en ces lieux ? Si tu as apprécié Maps to the stars (et c'est le cas), tu devrais apprécier alors Cosmopolis qui est dans la même veine (et en remontant encore plus dans le temps le drame intimiste est épuré "M. Butterfly"). :)
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L
Tout à fait d'accord avec ton analyse. Je suis moi-même assez sceptique quant au cinéma de Cronenberg mais là...
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