Le Répondeur au cinéma : Rencontre avec Fabienne Godet et Salif Cissé

Fabienne Godet a/ Photo : © Tandem Distribution
Lors des rencontres du Sud d'Avignon on a eu la chance de voir le film "Le Répondeur" en avant-première en présence de la réalisatrice Fabienne Godet et de Salif Cissé- voir notre critique ici même du film qui sort en salles demain matin.
Le long-métrage raconte ainsi cette histoire improbable d'amitié singulière entre un auteur célèbre empêché de travailler par des appels téléphoniques incessants et un jeune imitateur à qui il propose de répondre à sa place.
Fabienne Godet signe ici une comédie sociale contemporaine qui interroge sur la dépendance et la place intrusive des téléphones portables dans nos vies, sur la rencontre entre deux mondes où chacun gagne en assurance.
" Le point du départ, du projet, c'est le livre du même titre de Luc Blanvillain, Le Répondeur, que mon producteur avait trouvé super. Il ne savait pas qui le réaliserait, il me l’a fait lire et j’ai trouvé le sujet super intéressant — le pitch est vraiment drôle parce qu’on part sur un vaudeville. L’idée de me confronter à une comédie, à quelque chose qui allait être plus un feelgood movie, m’intéressait.
Révélée en 2006 avec "Sauf le respect que je vous dois",Fabienne Godet vient d'un tout autre monde. Formée à la psychosociologie, elle a en effet travaillé dix ans en hôpital.
"Le fait que j'aie été psychosociologue, ça m'a appris à observer et à écouter. Quand je construis un personnage, j'essaie de le faire dans la dentelle. Le cinéma, c'est de l'humain", estime-t-elle.
Face à Denis Podalydès, un écrivain célèbre rêvant de tranquillité, Salif Cissé, comédien au charisme impressionnant, est Le Répondeur, bluffant au age tous les proches du romancier et le spectateur en même temps. Comme la réalisatrice, il aime prendre des chemins non balisés.
"Le rôle m'a fait peur, mais en positif. Denis et moi avons été élèves du même conservatoire (CNSAD). On a une approche commune du théâtre, er par l'un pour aller vers l'autre", confie t- il.
"Ce que je veux, c'est faire un cinéma exigeant mais accessible. J’ire des réalisateurs comme Christopher Nolan, qui combinent profondeur et ouverture au public. Je ne cherche pas la célébrité ni à devenir un panneau publicitaire. Ce qui m’intéresse, c’est de servir des projets artistiques ionnants. Faire une comédie avec Fabienne ou un film avec Guillaume Brac, c’est tout aussi jouissif. "
Lorsqu'on fait souligner au comédien que son personnage incarne une masculinité moderne, sensible., certainement une inclinaison naturelle à détruire les préjugés, il nous répond que "En effet, travailler avec une réalisatrice, cela amène forcément un regard différent sur la masculinité. Dans la vie, je ne suis pas dans l’agressivité, j’aime la sensibilité, la finesse. Baptiste est souple, il s’imprègne des autres par son métier d’imitateur. C’est une forme de déconstruction masculine, et Fabienne m’a guidé là-dedans."
Quant aux secrets de fabrication du film, il faut savoir que la réussite du film repose sur un montage sonore précis, mêlant les voix des deux acteurs syllabe par syllabe.
La monteuse a effectué un travail à̀ l'ancienne, syllabe par syllabe, respiration par respiration. Du grand art et un travail de dingue !", souligne la réalisatrice. "La voix qu'on obtient, c'est une voix qui n'appartient ni à l'un, ni à l'autre", continue Fabienne Godet, qui précise n'avoir pas eu recours à l'intelligence artificielle: "On sent que, dans les voix, il y a de la sueur".

Dans la pratique pour interpréter Baptiste, Salif Cissé a suivi deux mois et demi de travail intensif, entre imitation vocale, voix chantées mais aussi mouvements. "L'imitation, ce n'est pas qu'une voix, c'est aussi une gestuelle", insiste Fabienne Godet.
Encadré par l'imitateur Michaël Gregorio, l'acteur, nous a confié avoir "bouffé Denis Podalydès matin, midi, soir". Personnellement, ce défi m’a fait autant peur que ça m’a réjoui, excité, galvanisé. Et ça, en général, c’est un très bon signe. On a envie de se frotter en tant que comédien à des rôles difficiles. Je ne savais pas du tout où on allait. Je ne savais pas du tout si j’étais capable mais je crois que le résultat est plutôt pas mal finalement ( rires)...
Le résultat est en effet des plus bluffant et il est à vérifier des demain en salles.