Théâtre des Célestins : « Les Serge (Gainsbourg point barre) » ; quand la Comédie Française se réinvente Poinçonneur des Lilas
Focus sur « Les Serge (Gainsbourg point barre) » .
Créé en 2018, ce beau spectacle a été régulièrement donné à Paris et tourne actuellement sur Lyon avant une tournée qui era au festival d' Avignon pendant l'été.
« Sans technique, un don n’est rien qu’une sale manie », chantait Georges Brassens. Serge Gainsbourg qui aimait faire croire qu’il « balançait ses lyrics » avec facilité ne le savait que trop et c'est ce que montre avec ce spectacle cousu main les comparses de la Comédie Française.
La pièce de Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux est de ces shows inclassables qui soignent le vague à l'âme du public.
Sur scène, six comédiens incarnent alternativement Serge Gainsbourg.

Outre Varupenne et Pouderoux, Noam Morgensztern, Benjamin Lavernhe, Yoann Gasiorowski et Rebecca Marder se glissent avec délice dans le costume de « l'homme à la tête de chou ».
En une vingtaine de chansons et des extraits d’interviews, interprétés en live, ce spectacle musical explore le répertoire et la vie du musicien génial et grand provocateur qui fut autant adulé que détesté.

Alternant saynètes humoristiques, façon stand-up, et intermèdes musicaux, la troupe de la Comédie-Française rend très joliment hommage, à sa façon, distancié et élégante spectacle dresse un portrait tendre du chanteur sans gommer ses défauts.
Maladroit autant que timide, à la fois cassant et dandy, sensible et glaçant, taraudé par de nombreux complexes mais sûr de sa valeur, ce Gainsbourg est plein de paradoxes.
C'est ce qui le rend si attachant.
Et l’on s’en réjouit. Il faut dire que les reparties acides ou trempées dans la mélancolie cousent subtilement les chansons entre elles.

Qu’ils se ent le relais avec naturel pour des solo (La Javanaise par Sébastien Pouderoux, Les Petits Riens par Stéphane Varupenne , ou encore le méconnu et pourtant génial "Vu de l'extérieur" par Noam Morgensztern ) ou qu’ils se retrouvent pour chanter en chœur comme dans une inoubliable version en canon des sucettes à l'anis, les interprètes réussissent un spectacle hommage authenthique et émouvant.
Un spectacle inventif et audacieux, à ne rater sous aucun prétexte.
Et cerise sur le gâteau la partie féminine du sextor est assurée par la toujours merveilleuse Rebecca Marder.
A voir actuellement aux Célestins, Théâtre de Lyon, du 21 au 31 mai.