Critique- The Flats : l'Irlande du Nord se dévoile

" ce ne sont pas ceux qui infligent le plus, mais ceux qui endurent le plus qui seront vainqueurs au final."
Terence McSweeney, maire de Cork, mort des suites d'une grève de la faim en 1920, prison de Brixton, soixante-quatorze jours sans manger.
Quartier HLM de New Lodge, Belfast, Irlande du Nord.
Joe se souvient de son enfance et de sa ville livrée aux affrontements entre indépendantistes catholiques et militaires britanniques dans les années soixante-dix.
Maintenant de son balcon il assiste impuissant à la ronde des dealer de shit et autres vendeurs de crack.

Cette enclave catholique se dépeuple, ses amis, frères de combats, avec lesquels il partageait des souvenirs sont morts minés par l'alcool et usés par une guerre d'indépendance qui dura des décennies et qui fracassa leur jeunesse.
Joe parle et se confie à Rita sa thérapeute. Sa parole se libère et l'émotion nous submerge. Joe se raconte et nous raconte sa guerre.
Une guerre, que l'on désigne, comme souvent pour les conflits coloniaux, par un euphémisme, chez les anglais on parlera des " troubles " irlandais, chez nous au siècle dernier on évoquait les " événements " d'Algérie.

Mêlant habilement les époques, les images d'archives et la reconstitution historique, Alessandro Celesia fait revivre son pays dans le dernier quart du vingtième siècle. Le sacrifice de Bobby Sands hante son film.
" The Flats " ou l'Irlande du Nord aujourd'hui est un documentaire tendre, poétique et puissant à la fois.